Résumé

Resumé du projet

Bien qu’ils aient rarement travaillé ensemble, au moins dans le contexte français, les spécialistes de géographie et de science des médias développent des interrogations similaires sur la dynamique contemporaine de la mondialisation et du système international. On a pu croire un temps que la réduction des coûts de transport, le développement des NTIC et l’accélération des échanges économiques entraîneraient la « fin de la géographie » (O’Brien, 1992) et « l’avènement du village planétaire » (Mac Luhan, 1962, 1964, 1967). Mais de plus en plus de spécialistes de chaque discipline considèrent aujourd’hui d’un œil critique ces hypothèses et cherchent à dresser la carte d’un Monde beaucoup moins unifié et « plat » que prévu, toujours hérissé de frontières nationales mais où apparaissent de vastes régions intégrées à l’échelle de continents ou sous-continents (Leamer, 2007 ; Grasland & Beckouche, 2007).

 En conservant l’hypothèse initiale que la mondialisation doit avant tout s’étudier à travers la dynamique des flux plutôt que celle des structures, l’objectif du projet GEOMEDIA est de mener une recherche conjointe, à la fois géographique et médiatique, sur les échanges contemporains de flux d’information médiatique entre les pays du Monde. Pour ce faire, nous proposons d’élaborer une base de données stockant les flux RSS associés aux articles publiés par une centaine de journaux (voir annexe 7.5) en différents points du Monde et d’en déduire deux types d’informations portant respectivement sur les flux et les événements internationaux.

Les journaux retenus sont choisis en tant que marqueur des espaces publics des pays où sont implantés leurs lecteurs. Parmi les articles qu’ils publient, nous nous centrons sur les informations internationales, c’est-à-dire, les informations ayant trait à des événements se produisant en dehors des frontières du pays. Dans cette perspective, tout article d’un journal du pays A traitant du pays B est considéré comme un flux d’information entre les pays A et B et l’on peut par agrégation du nombre d’article en déduire des flux d’informations internationaux variables dans le temps et décomposables par thème. L’analyse de ces flux à l’aide des méthodes employées habituellement pour l’étude des échanges de personnes ou de biens permettra de valider ou d’invalider l’hypothèse du village planétaire et surtout de préciser les formes de régionalisation médiatique des informations qui circulent entre les pays.

Cette perspective géographique est complémentaire d’une approche plus médiatique exploitant la base de données de façon différente. Partant cette fois-ci non pas des lieux mais des événements qui se produisent dans le Monde (catastrophe, guerre, crise…), on peut tenter d’en mesurer l’impact international ou, plus précisément, la diffusion spatio-temporelle en considérant chaque journal comme un capteur et un filtre. On pourra ainsi distinguer des événements internationaux globaux ou locaux. On pourra également, dans une perspective historique mettre en évidence des phénomènes de diffusion spatio-temporelle (pics médiatiques décalés dans le temps à partir du point émetteur) et des liaisons temporelles avec des événements passés (rappel de Tchernobyl au moment de Fukushima) ou futurs (anticipation de la réduction des commandes de centrales nucléaires).

Réalisé conjointement avec des équipes d’informaticiens et de spécialistes de modélisation de l’information géographique et médiatique, ce projet devrait offrir une base de données innovante pour les recherches futures sur la mondialisation, bien au delà des disciplines géographiques et médiatiques. Stockant une information volatile (les flux RSS enrichis d’attributs spatiaux) et libre de droits (à la différence des articles de journaux), il constituera une archive utile à la fois aux historiens du temps présent et aux chercheurs des générations futures.

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